Je vis de ton charme

À Isabelle.

D’où me viennent mes larmes ? D’où que j’aille les puiser je n’en sais la provenance, même en sniffant les vapeurs d’intraveineuse à ma portée. Je crois que mes larmes remontent à la source du chagrin de te perdre. C’est pourtant toi qui veille sur mon modeste somme, toi qui soigne mon âme en visitant mes songes. Toi, la dame aux yeux creux, tu m’offres le repos au couvert de ton ombre. Mais même couché au plume des souffrants, tu me gardes une place ailleurs qu’à l’agonie. Je ne suis pas de ces malades à la traîne des soins, quoi que je ne les juge pas. Je suis habillé de la tristesse du mort soigné par la camarde. Je me situe sous ta gouverne, et je vis de ton charme sur moi répandu.

Le 10 avril 2018. C.B.

Une ombre pour le couvrir

Là où mourut l’homme oublié, je suis sur ses pas. Je sais par l’ailleurs des connaissances où le trouver. Sans qu’on me le dise. Sans qu’on m’indique, je me guide à son désespoir dissimulé auprès d’un rien de bois. Il s’est ramassé tout sur lui aux derniers spasmes, avec une ombre pour le couvrir. Il n’a nul besoin d’une sépulture qu’elle et mes yeux afin de lui servir un abandon de qualité loin des larmes des siens. Il voulait se situer au large des regrets.

Le 13 mars 2018. C.B.