Les bouffées

Quand je fume la pipe s’évadent mes tourments,
Comme si de la chiffarde j’écrivais mes romans.
Seul drapé en la nuit, je savoure les bouffées,
De celles qui s’évanouissent et produisent leur effet
Sans que je les avale, pour le simple plaisir,
De nuages éphémères, impossibles à saisir.

Le 3 février 2024.
C.B.

Public

Pour moi tout seul comme public, depuis une branche du boulot, il chante aussi puissant qu’il le peut ce rouge-gorge, sa mélodie en solo qui sonne à mes écoutilles de la sorte : «-Celui qui va mourir te salue ! »
Car son concert est de celui qui ne s’inscrit pas en le long terme.

Le 28 janvier 2024.
C.B.

Rien

Je vais vous l’avouer, j’aime les filles du passé,
Celles que je vois en souvenir me caresser
Tout le désir, rien qu’à bouger, en leur histoire,
Rien que pour moi, le long du temps qui m’est miroir.

Le 26 janvier 2024.
C.B.

Gens du pouvoir

En dehors de ce monde cher aux gens du pouvoir
Je ne prétends pas habiter une tour d’ivoire,
D’où je serais capable de les analyser
Tous ces prétendants au palais de l’Élysée.
Non, en silence, je suis celui qui les observe
Quand ils nous répètent que la République ils servent.

Le 12 janvier 2024.
C.B.

Ce qui nous manque

Où que ce soit de nos présences le silence règne de nos absences, de ce qui fut et qui n’est plus. Nous sommes perdus entre les ombres où l’oubli fonde son territoire. Le vide s’installe sur nos passages, comme si il commandait à la souvenance de tous les temps. Voilà déjà que se dérobe ce qui nous manque.

Le 31 décembre 2023.
C.B.

Sur la tombe de mes morts

Pas besoin de chercher bien loin pour me trouver à leur portée. Je les sais tous à m’attendre, là où il meurent sans y penser. Ils meurent comme vous vivez. Il suffit de les détecter. Seul, j’ai ce pouvoir de savoir où ils sont, et sans aide je les consulte pour une rencontre, ou pas. Car ils ont envie, ou pas, de communiquer. Après, je suis chargé de ne rien dire d’où ils se situent. Je suis leur tombe.

Le 28 décembre 2023.
C.B.

Les gisements

De lieux où je me rends, je ramène de la solitude jusqu’à chez moi, comme si je savais où en trouver les gisements. D’elle et son âme, je m’en fais ma sœur qui me recharge. Je m’y trouve à mon aise, et j’acquiesce à ses multiples invite ou elle me convie à découvrir les êtres nés de la solitude, comme les errants cherchant à se réchauffer à la mienne. Elle me pousse aussi à partager sans hâte mes territoires isolés avec les autres, en leur y livrant accès par ma seule présence.

Le 15 décembre 2023.
C.B.

Lune

Venant de je n’ sais où caresser les nuages
Elle m’emporte au loin de tous les paysages
Et l’œuvre de mon âme devient de la chercher,
Sans jamais que nos liens se donnent à s’afficher.

Le 2 décembre 2023.
C.B.