La reine des nèfles

       Pendant des mois, au début de l’installation à Beaucaire de mes parents, je me suis fait chier les mercredis et les ouiquendes, quelque chose de balèze !  Jusqu’à ce que je fasse une découverte par un hasard des plus propices. Je me souviens avec précision de la situasse d’alors… J’ai d’abord observé une chose de la part d’une voisine, à cinq maisons de nous. J’ai remarqué qu’en de certains moments elle s’habillait avec goût, voire carrément classe, pour ce coin de cambrousse… Je dis pas que les nouveaux pécores que nous sommes se vêtent en bouseux, mais elle détonnait. Ma question fut, même à cet âge, et relayée sans doute par mon histoire déjà bien embarquée vers l’insolite : « -Mais qu’est-ce qu’elle nous fait ? ! « 

        D’ordinaire, je la voyais pas aux heures endormies de la sieste où moi-même je me trouvais seul. Seulement, la seconde fois qu’elle s’amena et que je la remarquais; ayant foiré la première par manque d’audace; je lui emboîtais le pas discréto. Je me montrais pas davantage que ces bêtes des bois qu’on croit pas là quand on y marche. Je tenais enfin une piste originale et je n’avais de mires que pour son fion. Je jugeais qu’il miachait comme un qui parle du mouvement. J’opérais par petites avancées furtives à la suite de ses charmes. Ils me dopaient l’envie de lui bouffer ses formes avantageuses. Mes phantasmes me suffisaient plus pour me nourrir; j’avais besoin de pratique. Le monde s’ouvrait à moi et je me trouvais sur le bord des occases. Je vais pas nier que la situasse était emprunte d’émotion, mais je me représentais déjà toutes les merveilles de ce châssis de vraie femme surprise par moi. Me menait, le désir de connaître le pourquoi elle se dérobait à la vie du village en de certaines séquences. Elle entretenait peut-être un secret pour emprunter les chemins de traverse. Au vrai, elle me semblait aussi nouvelle que moi en ce cadre champêtre… Les champs où folâtrait le sentier se changèrent en bois à notre approche. C’est de là que ça me prit de m’inquiéter à ce stade du parcours. Etaient-ce les arbres qui me conduisaient à des suppositions ? Je la vis sucer le membre d’un autre, un adulte, plus à sa taille. Je fus vite en débandade. Je m’attendais à ce qu’elle le retrouve et à la perdre comme il se devait. Mais non, elle était plus libre que ça que de retrouver un homme. Elle s’en allait rejoindre son endroit à elle, le séjour de ses espoirs. Et elle ondula de la croupe à cet effet. Je la suivais encore un peu, aux anges. Et là, nous arrivâmes, tellement j’étais pas loin d’elle, en un lieu dont jusque-là je ne concevais pas l’existence. Ca consistait en une ruine de porte avec tout l’encadrement de pierre autour, ouverte, comme si elle invitait à l’entrée. Elle se trouvait là chez elle avec au visage un sourire qui redessinait la situasse sous le jour d’une promesse, et moi j’en aurais mangé volontiers de ces joues caressées de grâce. J’anticipais sur son désir. Parce qu’elle nourrissait un plan en ce sens. Je le bitais assez vite. Depuis les ruines qui s’étendent en pierres éparses elle observait l’horizon qui s’offrait à elle.

          Jusque-là elle avait pas causé, mais elle lâcha, comme inspirée : « -Allez-y de vous promener. Moi, j’imagine… « 

Elle s’adressait en pensée à des couples qui passaient par là, rarement des hommes seuls, et jamais des femmes. Elle restait pas que contemplative; elle se déculotta, sa jolie paire de miches à découvert, du genre de celles qui vous narrent l’une de ces messes du charme à elles toutes seules sur la version des vrais émois. Ca me refourgua le gigourdin en liesse. Ce que j’ai bien capté en sus c’est qu’elle se triturait le bouton d’amour. Elle s’en donnait sans se lasser, du plaisir. ça dura un bail, car il s’agissait d’un lieu de promenade prisé pour son aspect unique de chaos naturel préservé en milieu sylvestre. Elle se retira des ruines et à sa suite je rentrai. Mais elle multiplia par la suite les retours au bercail, et moi itou. Je devenais une compagnie à ses frasques sexuelles. Un supplément de l’ombre à ses activités. Je deviens en effet son espèce de double à la belle au cul de rêve. Je la lâche pas, même si je la vois qu’à nos rencards communs connus que de moi. Je lui sers de couverture. Je veille. J’exerce un rôle en amont des risques. Car elle en prend. Mesurés certes, mais à force de venir là dans les ruines, son petit manège peut se voir… ou se sentir. Tant sur les hommes elle exerce de pouvoir. Sur leurs girelles aussi. Elle capte les ondes du plaisir. Mais elle excite, et ce en tous les sens… Ma jolie a beau être des plus discrètes, ça conduit jusqu’à elle ses manipes à distance.

        Le jour qui nous occupe, y’a plusieurs couples sur le terrain. Ils banquettent en quelque sorte, à l’heure espagnole. Et elle, ma dame, les nèfles à l’air, elle mastique d’elles. Je sais pas ce qui se passe.  Quel avertissement ça produit; elle lâche une flouze ! Est-ce que c’est le nuage, le bruit, un souffle d’influence ? Y’a une des donzelles occupées à bâfrer qui lève la goule… et qui la voit ma douce. Pas moi, je crois. Là, elle est repérée; faut que je m’active. Tant pis pour la discrétion. Je dois la sauver…. Je me manifeste. Je lui tends sa culotte.

« -Venez vite avec moi ! Venez vite !

-Que… d’où ?

-Là là, les autres…. ! Venez vite… !

-Qui vous êtes d’abord ? !

-Pas le temps. ils rappliquent…. ! « 

Et comme un ange venu en trombe la secourir, je fus de son salut. Je sus jamais si la bande des autres nous avaient coursé, mais une fois parvenus dans la cour de chez mes parents  on se roula une pelle d’importance, charmoyés d’émotion.

« -Je me croyais seule, je me croyais seule….  » répétait-elle.

Oui, mais pour moi uniquement.

                                                                                                     Le 9 mars 2015.

                                                                                                                 C.B.

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