D’un coin de désespoir ou mon âme se rend
Je me fais un domaine où je suis sur les rangs
Du monde des tristesses de mes contemporains
Qui quoi qu’il se dérobe, j’en connais tout un brin !
Je sais les gisements d’où flambe la misère
Qui fait des abandons de notre âme un désert,
Et suis au rendez-vous de sombres aventures
Où les drames se jouent en plus vrai que nature.
Je vous sais sans ressources, je vous sais sans abri
Contre le flot d’angoisse qui charrie ses débris
Et qui s’accroche à vous pour mieux vous entraîner
Au sein de la débine et des succédanés.
Des paradis perdus arrosés de picole.
Je vous sais en étau entre les deux écoles
Que vous sont la fumette et sa frangine des rues
Adoptées de vos us ainsi que de grands crus.

Le 09.122021. C.B.

Un coin de la tristesse

A mes parents

Un coin de tristesse où me trouver avec ceux que j’ai perdu; un coin à moi où je vous sois. Non pas un endroit où les autres aillent, tel un cimetière; non un lieu,imaginez ça bien au fond de votre pensée; où personne ne met jamais les pieds ni l’âme. Pas un paradis; un coin sur la Terre auquel nul ne pense. une destination perdue; sauf de moi. Je n’y irai jamais, mais je vous saurais là, au spleen de ma souvenance.

Le 30 avril 2021. C.B.

Je n’y peux rien si je préfère les filles déjà prises, accompagnées si vous voulez. Il y a en cette quête quelque chose du refus à aboutir, une recherche comme si la tristesse était à portée de moi par le couple.  Les femmes casées me proposent d’aimer ailleurs. C’est déjà un coin de présence entre ces ruines de tout rapport. Celles qu’on appelle des amoureuses me parlent au coeur de la souffrance. Elles se donnent au lieu de me plaire. De ce chagrin j’ai le secret. Je suis aussi veuf de l’amour que Robespierre sur la tombe de Marie-Antoinette.

                                                                                                                                                            Le 1er avril 2019. C.B.

Je vis de ton charme

À Isabelle.

D’où me viennent mes larmes ? D’où que j’aille les puiser je n’en sais la provenance, même en sniffant les vapeurs d’intraveineuse à ma portée. Je crois que mes larmes remontent à la source du chagrin de te perdre. C’est pourtant toi qui veille sur mon modeste somme, toi qui soigne mon âme en visitant mes songes. Toi, la dame aux yeux creux, tu m’offres le repos au couvert de ton ombre. Mais même couché au plume des souffrants, tu me gardes une place ailleurs qu’à l’agonie. Je ne suis pas de ces malades à la traîne des soins, quoi que je ne les juge pas. Je suis habillé de la tristesse du mort soigné par la camarde. Je me situe sous ta gouverne, et je vis de ton charme sur moi répandu.

Le 10 avril 2018. C.B.

Où l’éclairage cherche son nid I

I Par les coins sombres des sous-bois trempés où les branches perlent comme de suée, je te suivrai mon abandon au désespoir. Je te suivrai au bord des boires dont l’onde plonge son ombre au sein des gouffres. Ces lieux perdus et désolés je les voudrais me consoler au plus profond de leur chagrin. Mais pour ces nids de volupté où la tristesse n’est qu’une eau fraîche, je dois garder tout le secret de ma présence. Il ne faut pas qu’un autre de mes semblables devine un seul instant que j’ai été en ces parages. Il s’impose donc que tout oubli devienne l’écrin de mon voyage.

Le 4 mars 2018. C.B.

Où que j’aille

J’écris afin de chasser le temps des ruines de ma vie, cette poussière habitée qui se loge au  plus reculé des âmes. J’écris pour poser un nouveau regard sur le monde où ma pensée ne soit pas trahie par la parole des autres. J’écris pour témoigner de ma fuite parmi les ombres de ce temps. J’écris pour être un seul, un vrai, et pas l’obligé de relations où il se perd. J’écris des ruines de mon absence qui forment un tout de désolance. Je suis en deuil où que j’aille comme si l’écrit m’y devançait de son ennui et sa tristesse.

                                                                                                                                                                                                             Le 26 mars 2017.

                                                                                                                                                                                                                         C.B.