D’un coin de désespoir ou mon âme se rend
Je me fais un domaine où je suis sur les rangs
Du monde des tristesses de mes contemporains
Qui quoi qu’il se dérobe, j’en connais tout un brin !
Je sais les gisements d’où flambe la misère
Qui fait des abandons de notre âme un désert,
Et suis au rendez-vous de sombres aventures
Où les drames se jouent en plus vrai que nature.
Je vous sais sans ressources, je vous sais sans abri
Contre le flot d’angoisse qui charrie ses débris
Et qui s’accroche à vous pour mieux vous entraîner
Au sein de la débine et des succédanés.
Des paradis perdus arrosés de picole.
Je vous sais en étau entre les deux écoles
Que vous sont la fumette et sa frangine des rues
Adoptées de vos us ainsi que de grands crus.

Le 09.122021. C.B.

Une ombre pour le couvrir

Là où mourut l’homme oublié, je suis sur ses pas. Je sais par l’ailleurs des connaissances où le trouver. Sans qu’on me le dise. Sans qu’on m’indique, je me guide à son désespoir dissimulé auprès d’un rien de bois. Il s’est ramassé tout sur lui aux derniers spasmes, avec une ombre pour le couvrir. Il n’a nul besoin d’une sépulture qu’elle et mes yeux afin de lui servir un abandon de qualité loin des larmes des siens. Il voulait se situer au large des regrets.

Le 13 mars 2018. C.B.

Où l’éclairage cherche son nid I

I Par les coins sombres des sous-bois trempés où les branches perlent comme de suée, je te suivrai mon abandon au désespoir. Je te suivrai au bord des boires dont l’onde plonge son ombre au sein des gouffres. Ces lieux perdus et désolés je les voudrais me consoler au plus profond de leur chagrin. Mais pour ces nids de volupté où la tristesse n’est qu’une eau fraîche, je dois garder tout le secret de ma présence. Il ne faut pas qu’un autre de mes semblables devine un seul instant que j’ai été en ces parages. Il s’impose donc que tout oubli devienne l’écrin de mon voyage.

Le 4 mars 2018. C.B.

En les songes sans défense de la profonde nuit

christophemedaillon

Le désespoir est un deuil qui ne s’annonce pas
Et dont le vrai principe réside en l’abandon
Peu à peu de la vie au profit du trépas
À croire que plus que tout le reste il est un don
Lesté à nous depuis le temps de notre aurore
Ainsi que des ruines situées sous notre histoire,
Des catacombes insondables peuplées de morts
Où l’ombre est reine d’un bout à l’autre des couloirs.
Je les arpente tout seul, souvent perdu de peur
En les songes sans défense de la profonde nuit
Où le repos des morts se définit trompeur,
Car même au désespoir le néant est ennui.

Le 22 juillet 2016.

C.B.