La brune

Du vent souffle en la nuit, venu je ne sais d’où,
Agitant ma pensée qui n’a plus rien de doux.
La brune m’ouvre des territoires; ceux qui fleurissent
Tout le long de mon âme, qui est leur vraie nourrice.
La nuit est le domaine où se tiennent mes rêves,
Avec l’espoir secret qu’aucune force ne l’achève.
Je m’y drape en mes songes comme en un supplément,
Où l’on peut s’oublier à l’ombre du moment.

Le 2 janvier 2024.
C.B.

En un coup de vent

J’attends la nuit, comme un second acte à ma vie.
J’attends d’elle les moments de pause où je revis.
J’attends la nuit pour ne plus être l’un des vivants
Sur cette terre où l’on passe en un coup de vent.
J’attends la nuit, car j’y traverse tout mon ailleurs
De cette histoire où je m’invente des jours meilleurs.
J’attends la nuit entre les heures de mon absence,
Organisées pour me forger une renaissance.

Le 28 décembre 2024.
C.B.

Stilla

En le vieux burg abandonné, Franz de Telek
S’aventure à la nuit pour chercher sa Stilla;
Là où l’on trouve des orfraies, que le sale bec;
Mais ce qu’il digne, ce sont les ailes de sa Stilla.
Il veut la prendre encore une fois contre son cœur,
Et d’un coup, d’un seul, évacuer, l’esprit moqueur
Qui le poursuit : «-Non, tu ne la reverras point.
Il va la retrouver à la force de ses poings…

Il sent la Stilla à trois pas, la prisonnière,
De tout ce burg, bâti en ruines et en ornières.
Et, au cœur de la crypte, il ne vit que de nuit,
Endormi par le temps qui se compte en ennui.
Lorsque sa présence se fait là parmi les murs,
À sa Stilla qui ne vit plus que d’une image,
Il y a une chose dont au moins il est sûr,
C’est que par la magie, il va lui rendre hommage.

Le 23 décembre 2024.
C.B.

Comme si…

Apparue de derrière les nuages, couleur linceul
Elle me convoque à sa rencontre quand je suis seul.
Je suis un autre en sa présence, un sien fidèle,
L’un de ceux qui habitent la Lune, au plus près d’elle.
Je vous en parle depuis longtemps de cette idylle,
Entre nous deux, comme si là se jouait un deal.
Je vous dois une explication, sur la nature,
De cette relation sous forme d’aventure,
Que la Lune aussi me cherche, la nuit venue,
Comme si je lui apparaissais, tout en tenue.

Le 18 décembre 2024.
C.B.

Loups

À regarder la lune, je m’interroge sur eux…
Je les cherche en pensées autant qu’ils sont nombreux.
Je voudrais rencontrer une bande de ces lupins
Revenus son nos terres depuis les monts Alpins,
Et caresser leur poil d’un revers de la main
Comme si nous partagions de vivre en commun.
Les loups me sont des frères que je suis à distance,
Animé du voyage de toute leur existence.

Le 15 décembre 2024.
C.B.

Le chercheur

Connaissez-vous celui qui hante la nuit les rues,
Celui qui enchante seul, l’âme des disparus ?
Celui qui vous vient trouver au nom de la mort,
Et cherche avec les trépassés un vrai rapport ?
Oui, le connaissez-vous, celui qui vous convoque
Et vous déniche une place, et ce sans équivoque ?
Vous devriez le voir, car c’est lui qui assure,
Aux vivants leur futur, en un bien-être sur.

Le 6 décembre 2024.
C.B.

La nuit

Tard dans la nuit je veille encore, avant les songes,
Abandonné au creux des ombres où je me plonge.
Et je ne veux ainsi rester qu’à moi tout seul
Comme devenu le proprio de ce linceul.
Lorsque la nuit m’appelle ainsi, je ne puis rien lui refuser;
Car tout mon temps elle renouvelle, sans s’épuiser.

Le 2 décembre 2024.
C.B.

Folquin et la statue

Depuis combien de temps git-elle là en les bois ?
Nul ne peut le savoir et me le raconter.
Pourtant où la trouver, je vais sans hésiter,
Car elle m’attire à elle de son âme aux abois.
Enterrée sous trois pieds, elle attend que je vienne
Afin de réveiller ce qui me la fait mienne.

Le 28 novembre 2024.
C.B.