Comme si de l’ombre

Ce soir, au ciel que rien ne farde
Se lève l’œil de la cafarde.
Sans elle, la nuit serait sans âme
Et la muse privée de sésame.
Je la regarde sans me lasser
En tous mes songes caressés,
Et je lui parle à elle seule,
Comme si de l’ombre s’ouvrait la gueule.

Le 2 septembre 2023.
C.B.

Marquis vert

Issu d’une œuvre de Maupassant, je vous présente le Marquis Vert. Car ce n’est pas le plus connu des personnages de cet auteur, qui se situe en un bref passage du roman « Une vie », où il apparaît lors de la scène de la roulotte, où se retrouvent Julien Delamare et sa maîtresse, et où ils périssent. Il s’illustre en étant un témoin muet de la scène. On le retrouve aussi en un conte, quoi qu’il soit marquis. Il honore une chasse de sa présence… en costume vert. Il arpente les sous-bois à la recherche de la bête, qu’il aperçoit, mais ne tue pas. Il participe à d’autres battues et traques le Marquis Vert, jusqu’à ce que son nom soit attribué à un célèbre relais gastronomique de la forêt de Sénart. L’on raconte que le Marquis Vert apparaît parfois sur les traces de passants.

Le 11 juillet 2023.
C.B.

Un lieu où délirer

Au désespoir, je cherche un lieu où délirer
Pour restaurer les ruines de mon âme déchirée,
Car le délire protège des assauts répétés
De la pensée forgée par notre société.

Je ne veux pas en être de ses règles, l’obligé,
Et je cultive à fond l’art de me protéger.
Le délire me défend, mais il me faut un lieu
Où révéler en paix ce qui me rime le mieux.

Mais où se cache-t-il ce coin de mon histoire
Conservé au secret, comme un laboratoire ?
Il se trouve peut-être là où je parle seul
En ces endroits divers où j’y vais de la gueule.

Et tout à coup me vient le son d’un tendre écho
Aussi sonore en moi que trompes de Jéricho.
C’est la voix de ma muse au service du délire
Qui me pousse du calme jusqu’aux confins de l’ire.

C’est la voix du délire qui me tient lieu d’espoir,
Comme si elle me trouvait en un effet miroir.

Le 3 mai 2023.
C.B.

Les croire encore me voir

Jamais personne ne saura ce qui nous lie, elle et moi. Jamais personne ne saura ce qui est de nous deux, en dehors de l’absence. Car nous ne sommes que seuls l’un pour l’autre. Et cependant, je songe à elle comme si je la regardais encore. Je suis à la recherche de ses yeux qui se lovent en mon souvenir. Il ne nous reste que de les croire encore me voir.

Le 23 avril 2023.
C.B.

Le feu à Notre-Dame

Au coeur du feu de Notre-Dame,
Où se trouve Quasimodo ?
Où se trouve parmi les quidams
Celui qui porte en rond son dos ?

Où son esprit va-t-il rôder
Sur les ruines de ce corps en cendres
Afin d’y restaurer l’idée
Que c’est son âme qui va descendre ?

Au beau milieu des parisiens
Et leur souffler à l’écoutille
Que cette demeure est de leur sein
Comme le réveil d’un lieu fertile ?

Le 14 avril 2023.
C.B.

Gardez-vous de ne rien faire

Gardez-vous de ne rien faire, car très vite l’on va se charger de vous trouver une occupation, qui vous sourit pas. C’est beaucoup trop une provocation à l’ensemble des humains que de ne rien boutiquer. Chacun se rend utile; pourquoi pas moi ? Parce que j’ai nullement l’intention de m’enrôler au sein du camp de ceux qui marnent en société. Je n’ai l’envie que de ne pas en être.

Le 1er juillet 2023.
C.B.

Face à ce qui s’engage

Regardez bien ce que l’on traîne;
L’équivalent d’un roi d’une reine
Sur le pays républicain
Qui ne se forme qu’en étant qu’un…
Regardez ce qui nous gouverne ;
Cet histrion du monde moderne…
Sur la base d’une constitution
Où se perd l’âme de la nation.
Regardez bien ce qui s’enchaîne
À la mesure du poids des chaînes ;
Un pays lié aux décisions
D’un homme seul sur ses positions.
Le monarque élu n’est pas l’âme
Qui pourrait briller de sa flamme
Au cœur du peuple rassemblé
Pas plus qu’il n’est de l’Assemblée
Le membre élu de nos suffrages.
Tout seul face à ce qui s’engage ;
En ce malaise de société
Aux horizons désenchantés.
Il n’est plus notre capitaine
Chargé des destinées lointaines…
Il devient l’ombre d’un roitelet
Sur une monture mal attelée.
Nous constatons : Le roi est nu…
Et si d’aucuns l’appellent Manu,
Il ne s’impose que de lui
Le voyage au bout de la nuit,
Au travers de sombres années
Où nous sommes abandonnés.

Le 1er avril 2023.
C.B.

Marianne

Il passe à la rue une pauvre hère de rien du tout. Camarades ! Camarades… ! C’est la Marianne, qu’on délaisse. C’est la Marianne qu’on abandonne. C’est la madone de la rue… Camarades ! Camarades ! Cette pauvre fille de la rue, c’est la Marianne de notre peuple. Laissons la seule nous courtiser, elle la madone de nos baisers. Camarades… Camarades…, C’est la Marianne de sortie. Et camarades, c’est notre sœur à tous ceux-là, qu’elle nous entraîne !

Le 19. 03. 2023.
C.B.