Morne plaine

Pour moi, Waterloo morne plaine, c’est sur le champ de Tian’anmen. Il se trouve jonché de toutes les ombres de ce peuple devenu la proie des maoïstes et de leurs suiveurs. Je vois les ombres de Tian’anmen hanter les coulisses du collectivisme et se hisser comme âmes en peine sur le tarmac de l’oubli.

Où sont les mannes de Tian’anmen ? En la richesse qui se promène à travers tout mon souvenir.

Le 03 Janvier 2022. C.B.

Deux de la nuit

Arrivés par l’on ne sait où sur le profond d’une nuit précoce, ils vont tous deux par des chemins tracés d’errance, comme si la suite de leur pas marquait d’oubli nombre d’endroits. Ils se retrouvent parmi les morts qui ne sont pas de ce pays. Mais eux se risquent parfois en des lieux où seule mon âme a ses entrées. L’on se rencontre à la dérobe entre les ombres de nos absences, à la façon de ses amants qui ne se peuvent afficher.

Le couple ainsi formé des deux se rend là où les sites accueillent sa solitude de voyageurs qui s’abandonnent et se transportent de place en place. Moi qui sais par où ils s’aventurent, je m’en remets à ne pas les trouver. Car leur fortune réside en somme qu’à ne dépayser les songes.

Le 21 12 2021. C.B.

D’un coin de désespoir ou mon âme se rend
Je me fais un domaine où je suis sur les rangs
Du monde des tristesses de mes contemporains
Qui quoi qu’il se dérobe, j’en connais tout un brin !
Je sais les gisements d’où flambe la misère
Qui fait des abandons de notre âme un désert,
Et suis au rendez-vous de sombres aventures
Où les drames se jouent en plus vrai que nature.
Je vous sais sans ressources, je vous sais sans abri
Contre le flot d’angoisse qui charrie ses débris
Et qui s’accroche à vous pour mieux vous entraîner
Au sein de la débine et des succédanés.
Des paradis perdus arrosés de picole.
Je vous sais en étau entre les deux écoles
Que vous sont la fumette et sa frangine des rues
Adoptées de vos us ainsi que de grands crus.

Le 09.122021. C.B.

Un coin de la tristesse

A mes parents

Un coin de tristesse où me trouver avec ceux que j’ai perdu; un coin à moi où je vous sois. Non pas un endroit où les autres aillent, tel un cimetière; non un lieu,imaginez ça bien au fond de votre pensée; où personne ne met jamais les pieds ni l’âme. Pas un paradis; un coin sur la Terre auquel nul ne pense. une destination perdue; sauf de moi. Je n’y irai jamais, mais je vous saurais là, au spleen de ma souvenance.

Le 30 avril 2021. C.B.

Son âme se cache tout le jour

Quand la lune se cache et que la nuit est veuve
Je cherche après elle un sentiment de preuve
Car je ne puis aller hors de son influence
Comme si elle me coiffait d’un halo de présence.
Je marche par la nuit en des lieux isolés
Que je couvre d’une ombre sous mon pas révélée.
Je suis par les chemins de mon âme le domaine,
Et me trouve là partout où mes sens me mènent.
J’aime de la solitude ce qu’elle m’ouvre de secrets
Tout au long de l’ailleurs où mon histoire se crée.
Je me suis aperçu que la nuit m’espérait
Une fois qu’en son sein à moi tout seul j’errais.
La nuit m’attend, comme si je leur donnais rencard
De là où elle se poste et qu’elle veille au quart.
Je la sais où son âme se cache tout le jour
Préparant le terrain où elle revient toujours.
Car la nuit est porteuse de tout mon univers.
Et elle fait du temps que je passe à travers.
Quand la lune se montre et qu’elle monte en première
C’est à ce moment-là que j’abonde en lumière.

Le 4.03.2021. C.B.

Arrachés aux songes

Avant de les écrire il se passe comme un rêve
Où il faut que la nuit de tous ses points s’achève
En laissant place à l’âme qui se veut productive
Et développe ainsi toutes ses forces actives.
En un mot ou en cent, si la prose est au beau,
Il me faut rameuter de mes phrases le troupeau.
Alors, je lâche mon chien qui va chercher des pistes
Et dès lors cabriole en se croyant artiste.
Les premiers mots du jour sont arrachés au songe;
Pourtant j’ai toujours peur qu’ils se ruinent en mensonges,
Qu’ils se dérobent à moi, au fruit de mes idées,
Et livrent sans saveur une pros’ mal possédée.
Car ce qu’il faut en outre, c’est leur donner un sens,
Quand tout mon caberlot peine à la croissance,
Et c’est quand erre au vide l’objet de mes pensées
Que je dois préparer du text’ la traversée.
Il s’agit en effet d’en être le nautonier
De ces mots hasardés, sans pour autant les nier.
Il me faut les conduire à travers tous les autres,
Sans en oublier un qui ne soit pas des nôtres.
Je suis le responsable de toute ma création,
Dont il me faut d’emblée contrôler la passion,
Et si je tire les mots du profond de mon âme
C’est que je m’y écris ad vitam aeternam.

Le 21. 02. 2021. C.B.

Supplément d’ailleurs

Où vont se loger les impressions qu’on a en rêve et qui nous apparaissent, aussitôt enfuies ? Nous vont-elle tapisser un musée  à nos âmes dérobé ? Sont-elles ces bribes envolées les productions où notre inconscient livre ses œuvres complètes ? Je décide d’une rétrospective de tout ce qui m’échappe, comme un supplément d’ailleurs.

Le 29 avril 2020. C.B.

A mon père

Longtemps après ma mort je serai de ce monde
Comme un qui cherche encore à donner de ses ondes,
Le meilleur de l’oubli dont il sera paré.
Quand je serai de vous pour toujours séparé
Je parlerai encore par mon âme d’aujourd’hui,
Car l’objet d’une pensée en rien ne se réduit.
Je vous serai un autre, présent quoi que perdu,
Je serai de nos morts, toute tendance confondue.
Longtemps après ma mort, je serai de l’absence
Celle qui donne à la vie entre nous tout son sens.

Le 27.04.2020. C.B.