Le crépuscule d’une flamme

Elle s’allume au sein de l’obscurité et la parcourt par tous ses boyaux accessibles; quand aux zones interdites elle s’y fourvoie en courant d’air sans s’éteindre. Nul souffle ne peut l’atteindre hormis celui de la ferveur. mais vient un jour où ses formes battent de l’aile. la flamme se consume en abandon de l’âme.

Le 6.10.2019. C.B.

Je me sens pris de l’être

Sans prévenir personne parmi mes camarades
Je m’en vais seul marcher une calme promenade
Sans aucun but précis autre que de m’oublier
Le long du temps qui va et de son sablier.
Je n’ai de but avoué que de me retrouver
Comme un seul homme en moi occupé à rêver.
Je trace le long des haies avant d’aller au bois
Où je me vêts d’une ombre toute couchée sur moi.
Elle s’accorde aux feuilles de ce coin solitaire
Dont peu à peu j’habite doucement le mystère.
Je m’établis en hôte voyageant sans témoin,
Silencieux à souhait et dont le plus grand soin
Est de se fondre au coeur de ce qui fait l’absence,
En ce terrain propice à gommer ma présence.
J’avance pas à pas comme si je n’étais pas,
J’avance d’un air fantôme tout sorti du trépas.
Que puis-je demander à ce monde désolé ?
Quand soudain un frisson en vient à  m’affoler.
Je me sens pris de l’être et un souffle m’enrobe
En un creux de caresse sans que je me dérobe.
Une histoire se raconte le long de mon esprit
En un luxe de détails qui me rend tout surpris :
Il se lève une aura aussi fine qu’un voile
Qui d’un frisson parcourt tout le sens de mes poils.
Et me voilà au pied d’une tombe isolée,
Pas du tout dans le style pompeux du mausolée;
Une sépulture en ruine cernée par la broussaille
Avec un rang de pierres en manière de muraille.
Je regarde ce jardin où ne fleurit nul nom
En dehors de la fuite lorsque nous la prenons.
Qui me chavire l’âme de ce point de néant
Comme si j’étais en prise avec un revenant ?
Je ne saurais le dire autrement qu’au silence
Dont ma pensée s’env’loppe quand une autre s’élance
A me parler d’une voix qui se lève de l’ailleurs.
« -Pourquoi me viens-tu voir sans montrer de frayeur ?
Quel espoir nourris-tu de cotoyer la mort ?
Sens-tu encore planer de ce qui me fut fort ?
Quand je hante ces lieux du fond de ma mémoire
Et que l’anonymat parle par mon histoire ?
Je suis une perdue en l’oubli de chacun
Et c’est peut-être en toi que je deviens quelqu’un.
Peux-tu me dire d’où tient que nous nous connaissions
Et si oui nous jouissons d’une commune passion ?  »
…Jusque-là tue aux autres mais belle et bien réelle
L’une de celles qui nous révèle toi et moi duel.
Nous formons un vrai couple, unis de par l’absence
Qui nous renforce sans cesse jusqu’à reconnaissance.
Je me sais désormais avec elle en coulisse
Qui me borde d’une ombre en son rôle de complice.
Je la vis mienne de chair au point de m’être une soeur
Qui me parcourt en long d’un soupir de douceur.
Elle est tout mon frisson et le suc de ma sève,
Elle anime mon regard jusqu’au bout de mes rêves.
Je sors des bois comme un homme seul en apparence
Mais sans être obligé de quelque transparence.
Je suis porteur d’une autre qui revient à la vie
A travers la camarde jetant son pont-levis.
Elle n’est plus l’hôte de la mort, mais une vivante
Une qui caresse mon corps de ses flammes ferventes.
Pour commencer, où est-ce qu’on va se reposer
Nous tous les deux, car on va rien se refuser ?
Eh bien alors, pas la peine de la présenter;
Je la garde pour moi sous la forme d’une nouveauté.
Je me promène avec mon autre, et c’est ma chance;
Vous seuls et moi nous en prenons la connaissance.
Je suis en route avec ma soeur, sortis des bois
Et c’est pour elle comme une source à laquelle elle boit
Que ce couple que nous sommes tous les deux et tout neuf
Aussi fort qu’une union qui s’extrait de son oeuf.
Si un jour, une nuit, ailleurs, vous nous rencontrez
Jamais de la vie vous ne nous reconnaîtrez;
Mais ça n’engage pas que nous nous vous remettions
Sur le simple constat de poser cette question :
Les couples mixtes vivants et morts, sont de ce nombre
Des humains rapportés où le charme est une ombre.

Le 22 décembre 2018. C.B.

Un ample vent de la tempête

Un ample vent de la tempête
Qui en mon âme se répète
Caresse la plaine de partout
Comme un souffle de bout en bout.

C’est la bourrasque des colères
Qui nous foudroie du sol à l’air
Avec des rages emportées,
Accrochant par tous les côtés.

Allongé au creux de mon lit
J’écoute ces ruines à la folie
Monter le son de leur courroux
Bien à l’abri de mes verroux.

De ces furies je me remplies;
Tout à l’action qui s’accomplit
Avec du cœur des éléments
Un complément à mon tourment.

Le 11 décembre 2017. C.B.

Un homme à muses

Il existe des hommes à femmes. Mais moi je suis un homme à muses. Je les connais mieux que les autres. Enfin, je pense… Je les rencontre sans me forcer à leur rencard. Les muses, ces demoiselles, me viennent visiter au charme de leur concurrence. Et elles mélangent les influences pour tout brouiller. Mais je sais qui leur monte le bobéchon en manière de sape. C’est elle. La mienne de muse. Elle mène la danse à ses compagnes. Elle les drive en soulèvement de leur syndicat. Elle leur souffle de me booster. Elle a de cette complicité rieuse avec elles où elle mine le fond de nos accords de ne rien révéler de la noirceur de nos phantasmes. Je crains qu’elle ne déborde en farce grasse au sein du groupe de ses consœurs. Ma muse à moi est solitaire. Elle est pas de celles  qui s’affolent. Elle sait qu’au sein des autres de muses je préfère sa société en renouveleuse de ses charmes. Elle est l’ensemble à elle toute seule. Sans oublier de capter ce qui fait celui de ses frangines. Mais voilà, elle se pare de toutes, la jeune incomplète qui se réserve à pas d’âge. Elle me poursuit de sa jeunesse,et moi comme si j’en demandais mon dû, je la recrée en conséquence. Je dégage des ruines son passé, par là où je puis me dépasser. 

Elle mène la danse

Le 1er juillet 2017. C.B.

Ombre choisie

christophemedaillonLa chevelure brune de ma mère couvre de nuit mes songes isolés. Lorsque je pense à elle, elle ne vient qu’au terme d’une longue attente, où je la sais ombre choisie. Ma mère se meut en tout silence où elle vécut en son absence. Le chant de ruines de sa parole fut de se taire. Elle se tue pour tous ceux qui jacassent en pure perte de mots oubliés. Elle renseigna sa biographie de la manière la plus discrète, à la faveur des errances où se lovèrent des inquiétudes soupirées. Il me subsiste comme un souffle d’elle là où je vais m’abandonner. Il ne me reste que d’y penser, et c’est mince pour se dépasser, tant j’aimerais à mon tour lui manquer.

                                                                                                                                                                                                             Le 6 juillet 2016.

                                                                                                                                                                                                                       C.B.

La fenêtre aveugle de ruines sans nom

        christophemedaillonElle vient en ambassade de ses sœurs et des portes murées, ainsi que des murs orbes. Elle  vient en ambassade de ce qui ne se voit pas. Elle a une ombre ouverte sur son absence de vue. La fenêtre aveugle de ruines sans nom demeure debout comme l’œil fixe d’une âme. C’est une blessure aux soins des apparences. Elle vise au large de l’ailleurs une sorte d’oubli de tout l’espace dont elle dispose en tant que close. Elle s’arrache aux portes du temps sans souvenir de cette époque où elle croisait les courants d’air. Elle n’a de souffle que de l’enfui.

        La fenêtre aveugle de ruines sans nom, vous pouvez vous poster derrière elle, et ne savoir que rien du tout, car c’est de son obturation même que vient le flot de se sauver pour elle. Cet œil fermé joue les absents sous le voile d’une peau en pierre comme une taie à tout jamais.

        Elle chasse le passé ainsi que de la poudre au vent. Elle en dispense la poussière au gré des songes de l’oubli… Elle a du grain de lune enfiévré sous la peau qu’elle révèle à la nuit, comme si elle était de sa face cachée le supplément sur terre. La fenêtre aveugle de ruines sans nom poursuit la pensée du moindre péquin qui passe, pourvu qu’il y pose un instant un peu de son regard.

                                                                                                                                                                                                                  Le 23 mai 2016.

                                                                                                                                                                                                                            C.B.

La reine des nèfles

       Pendant des mois, au début de l’installation à Beaucaire de mes parents, je me suis fait chier les mercredis et les ouiquendes, quelque chose de balèze !  Jusqu’à ce que je fasse une découverte par un hasard des plus propices. Je me souviens avec précision de la situasse d’alors… J’ai d’abord observé une chose de la part d’une voisine, à cinq maisons de nous. J’ai remarqué qu’en de certains moments elle s’habillait avec goût, voire carrément classe, pour ce coin de cambrousse… Je dis pas que les nouveaux pécores que nous sommes se vêtent en bouseux, mais elle détonnait. Ma question fut, même à cet âge, et relayée sans doute par mon histoire déjà bien embarquée vers l’insolite : « -Mais qu’est-ce qu’elle nous fait ? ! « 

        D’ordinaire, je la voyais pas aux heures endormies de la sieste où moi-même je me trouvais seul. Seulement, la seconde fois qu’elle s’amena et que je la remarquais; ayant foiré la première par manque d’audace; je lui emboîtais le pas discréto. Je me montrais pas davantage que ces bêtes des bois qu’on croit pas là quand on y marche. Je tenais enfin une piste originale et je n’avais de mires que pour son fion. Je jugeais qu’il miachait comme un qui parle du mouvement. J’opérais par petites avancées furtives à la suite de ses charmes. Ils me dopaient l’envie de lui bouffer ses formes avantageuses. Mes phantasmes me suffisaient plus pour me nourrir; j’avais besoin de pratique. Le monde s’ouvrait à moi et je me trouvais sur le bord des occases. Je vais pas nier que la situasse était emprunte d’émotion, mais je me représentais déjà toutes les merveilles de ce châssis de vraie femme surprise par moi. Me menait, le désir de connaître le pourquoi elle se dérobait à la vie du village en de certaines séquences. Elle entretenait peut-être un secret pour emprunter les chemins de traverse. Au vrai, elle me semblait aussi nouvelle que moi en ce cadre champêtre… Les champs où folâtrait le sentier se changèrent en bois à notre approche. C’est de là que ça me prit de m’inquiéter à ce stade du parcours. Etaient-ce les arbres qui me conduisaient à des suppositions ? Je la vis sucer le membre d’un autre, un adulte, plus à sa taille. Je fus vite en débandade. Je m’attendais à ce qu’elle le retrouve et à la perdre comme il se devait. Mais non, elle était plus libre que ça que de retrouver un homme. Elle s’en allait rejoindre son endroit à elle, le séjour de ses espoirs. Et elle ondula de la croupe à cet effet. Je la suivais encore un peu, aux anges. Et là, nous arrivâmes, tellement j’étais pas loin d’elle, en un lieu dont jusque-là je ne concevais pas l’existence. Ca consistait en une ruine de porte avec tout l’encadrement de pierre autour, ouverte, comme si elle invitait à l’entrée. Elle se trouvait là chez elle avec au visage un sourire qui redessinait la situasse sous le jour d’une promesse, et moi j’en aurais mangé volontiers de ces joues caressées de grâce. J’anticipais sur son désir. Parce qu’elle nourrissait un plan en ce sens. Je le bitais assez vite. Depuis les ruines qui s’étendent en pierres éparses elle observait l’horizon qui s’offrait à elle.

          Jusque-là elle avait pas causé, mais elle lâcha, comme inspirée : « -Allez-y de vous promener. Moi, j’imagine… « 

Elle s’adressait en pensée à des couples qui passaient par là, rarement des hommes seuls, et jamais des femmes. Elle restait pas que contemplative; elle se déculotta, sa jolie paire de miches à découvert, du genre de celles qui vous narrent l’une de ces messes du charme à elles toutes seules sur la version des vrais émois. Ca me refourgua le gigourdin en liesse. Ce que j’ai bien capté en sus c’est qu’elle se triturait le bouton d’amour. Elle s’en donnait sans se lasser, du plaisir. ça dura un bail, car il s’agissait d’un lieu de promenade prisé pour son aspect unique de chaos naturel préservé en milieu sylvestre. Elle se retira des ruines et à sa suite je rentrai. Mais elle multiplia par la suite les retours au bercail, et moi itou. Je devenais une compagnie à ses frasques sexuelles. Un supplément de l’ombre à ses activités. Je deviens en effet son espèce de double à la belle au cul de rêve. Je la lâche pas, même si je la vois qu’à nos rencards communs connus que de moi. Je lui sers de couverture. Je veille. J’exerce un rôle en amont des risques. Car elle en prend. Mesurés certes, mais à force de venir là dans les ruines, son petit manège peut se voir… ou se sentir. Tant sur les hommes elle exerce de pouvoir. Sur leurs girelles aussi. Elle capte les ondes du plaisir. Mais elle excite, et ce en tous les sens… Ma jolie a beau être des plus discrètes, ça conduit jusqu’à elle ses manipes à distance.

        Le jour qui nous occupe, y’a plusieurs couples sur le terrain. Ils banquettent en quelque sorte, à l’heure espagnole. Et elle, ma dame, les nèfles à l’air, elle mastique d’elles. Je sais pas ce qui se passe.  Quel avertissement ça produit; elle lâche une flouze ! Est-ce que c’est le nuage, le bruit, un souffle d’influence ? Y’a une des donzelles occupées à bâfrer qui lève la goule… et qui la voit ma douce. Pas moi, je crois. Là, elle est repérée; faut que je m’active. Tant pis pour la discrétion. Je dois la sauver…. Je me manifeste. Je lui tends sa culotte.

« -Venez vite avec moi ! Venez vite !

-Que… d’où ?

-Là là, les autres…. ! Venez vite… !

-Qui vous êtes d’abord ? !

-Pas le temps. ils rappliquent…. ! « 

Et comme un ange venu en trombe la secourir, je fus de son salut. Je sus jamais si la bande des autres nous avaient coursé, mais une fois parvenus dans la cour de chez mes parents  on se roula une pelle d’importance, charmoyés d’émotion.

« -Je me croyais seule, je me croyais seule….  » répétait-elle.

Oui, mais pour moi uniquement.

                                                                                                     Le 9 mars 2015.

                                                                                                                 C.B.

Je suis sur le vif

 C’est ainsi que je me transpose , que je visite le monde à travers le temps et ses multiples restes que sont les ruines. J’en revis l’action, et nul ne croirait ce que cela cause à mes châsses et à mes écoutilles. Je suis sur le vif. Je suis au souffle de ce qui fut.

                                                                                                                                     Le 19.08.2014.

                                                                                                                                                 C.B.