Attirance

Je ne parle pas de la mort, ça lui donne des ailes
À cette jolie demoiselle.
Mais que voulez-vous, en face de la disparue
Qu’est une femme croisée à la rue
Et de la force qu’elle représente pour mon désir
La mort en moi me fait gésir.
Anéanti de par la perte, je suis vaincu,
Sans réaction et sans accus.
Jamais elle ne saura en quoi cette attirance
Est le ferment de mon errance.
Je ne puis pas fixer mon âme à un appui ;
Tant elle s’approche du fond du puits.
Mais cependant le plus terrible à recevoir :
Elle m’abandonne sans le savoir.
Et auprès d’elle je ne suis même pas quelqu’un
Alors que ça fait rire d’aucuns.
Moi j’ai perdu toute ma substance par elle volée
Que je m’en sens un exilé,
De bout en bout jusqu’à n’en plus me retrouver,
Sauf à l’ailleurs, sans y rêver.
Je suis sans elle avec des ombres sur mon chemin,
Je caresse le spleen de ma main
Comme l’habitué de cet oubli où je me perds,
Lorsque c’est son charme qui opère.
Cet instant d’attirance au bout de mes regrets
Me fuit et puis il disparaît.
Je n’ai même plus de lien avec une déchirure
Que le chagrin prend pour parure.

Le 12 novembre 2018 C.B.

Une ombre pour le couvrir

Là où mourut l’homme oublié, je suis sur ses pas. Je sais par l’ailleurs des connaissances où le trouver. Sans qu’on me le dise. Sans qu’on m’indique, je me guide à son désespoir dissimulé auprès d’un rien de bois. Il s’est ramassé tout sur lui aux derniers spasmes, avec une ombre pour le couvrir. Il n’a nul besoin d’une sépulture qu’elle et mes yeux afin de lui servir un abandon de qualité loin des larmes des siens. Il voulait se situer au large des regrets.

Le 13 mars 2018. C.B.

Un trouveur

Je ne suis qu’un trouveur de vers,
Un vrai trouveur, pas un trouvère,
Mais un chercheur de fantaisie
Qui se pique de poésie.

Mes rimes sont l’âme de mes regrets
Et de mes songes les reflets
Desquelles je ne puis m’échapper
Qu’en m’inventant des épopées.

Je suis le roi des inventeurs
Avec trois mots comme un conteur;
Je n’ai pas plus à proposer
Qu’un instant ma pensée posée.

Le 18 janvier 2018. C.B.

Où mon père…

Venu du bord de tout oubli, j’ai rencontré un mien perdu, au commencement de la nuit où l’ombre porte en ses replis comme le fruit d’une liaison. Il m’a parlé du cimetière où l’on croit qu’il est conservé, quand c’est des ruines dont il se pare pour résider. Il m’a dit de ne pas chercher un début à leur découverte, car lui seul peut me contacter. Les ruines secrète de son absence forment l’endroit de mes regrets.

Le 10 novembre 2017. C.B.