Cette blonde qui rôde en moi

Je me demande quelle est cette blonde qui rôde en moi
À la faveur de mes pensées, toutes les fois
Qu’elle me paraît venir du fond de mon histoire.
Je me demande si c’est un songe aléatoire ?
Je me demande si elle visite d’autres ailleurs,
Tracés par les ciseaux d’un excellent tailleur
Qui lui coupe une robe en les meilleurs effets
Afin qu’elle devienne par ce tour ma bonne fée.
Je me demande, je me demande quelle est cette blonde,
Alors que c’est la lune qui de son clair m’inonde.

Le 28 octobre 2023.
C.B.

Par les ailleurs de mon absence

Toute ma vie durant, je cherche mon âme, sans en trouver la moindre trace. Je la soupçonne de me quêter aussi, par les ailleurs de mon absence, qui se pose là pour feindre que je suis présent. Or, une nuit, mon âme se manifeste en une pleine lune, pour me venir rejoindre, à condition de m’en inspirer en solitaire.

Le 2 octobre 2023.
C.B.

Comme si de l’ombre

Ce soir, au ciel que rien ne farde
Se lève l’œil de la cafarde.
Sans elle, la nuit serait sans âme
Et la muse privée de sésame.
Je la regarde sans me lasser
En tous mes songes caressés,
Et je lui parle à elle seule,
Comme si de l’ombre s’ouvrait la gueule.

Le 2 septembre 2023.
C.B.

Marquis vert

Issu d’une œuvre de Maupassant, je vous présente le Marquis Vert. Car ce n’est pas le plus connu des personnages de cet auteur, qui se situe en un bref passage du roman « Une vie », où il apparaît lors de la scène de la roulotte, où se retrouvent Julien Delamare et sa maîtresse, et où ils périssent. Il s’illustre en étant un témoin muet de la scène. On le retrouve aussi en un conte, quoi qu’il soit marquis. Il honore une chasse de sa présence… en costume vert. Il arpente les sous-bois à la recherche de la bête, qu’il aperçoit, mais ne tue pas. Il participe à d’autres battues et traques le Marquis Vert, jusqu’à ce que son nom soit attribué à un célèbre relais gastronomique de la forêt de Sénart. L’on raconte que le Marquis Vert apparaît parfois sur les traces de passants.

Le 11 juillet 2023.
C.B.

Un lieu où délirer

Au désespoir, je cherche un lieu où délirer
Pour restaurer les ruines de mon âme déchirée,
Car le délire protège des assauts répétés
De la pensée forgée par notre société.

Je ne veux pas en être de ses règles, l’obligé,
Et je cultive à fond l’art de me protéger.
Le délire me défend, mais il me faut un lieu
Où révéler en paix ce qui me rime le mieux.

Mais où se cache-t-il ce coin de mon histoire
Conservé au secret, comme un laboratoire ?
Il se trouve peut-être là où je parle seul
En ces endroits divers où j’y vais de la gueule.

Et tout à coup me vient le son d’un tendre écho
Aussi sonore en moi que trompes de Jéricho.
C’est la voix de ma muse au service du délire
Qui me pousse du calme jusqu’aux confins de l’ire.

C’est la voix du délire qui me tient lieu d’espoir,
Comme si elle me trouvait en un effet miroir.

Le 3 mai 2023.
C.B.