Une ruine s’il vous plaît !

christophemedaillonIl compose des poèmes en terrasse de cafés et elle croque les portraits du commun qui passe par la rue. Ils vivent d’art à tous les coins de ville, sans forcer leur allure ni chercher le rendement. Ils cherchent où se pieuter en un squat, mais une ruine s’il vous plaît ! Afin d’y recréer l’inspiration du temps au luxe des pierres usées.

                                                                                                                                                                                                                                    Le 1er juillet 2016.

                                                                                                                                                                                                                                                C.B.

 

Sous les ruines du temple

christophemedaillonJe suis absent au monde parce que j’ai mieux à faire que le tour de sa ronde où gravitent les autres. Je suis absent au monde, non pas par caprice, mais par souci de me réserver une place à la face cachée des choses. Je suis situé sous les ruines du temple comme un gaspard planqué, solitaire, mais aussi proche de ses frères. Je suis le rat des vieilles pierres démolies à la recherche des poésies de ce qui fut, et je lis le silence comme les pages les meilleures de l’oubli.

Le 16 avril 2016.

C.B.

 

Vicki

               Bouffer le cul de Vicki ! Combien de fois se l’était-on demandé, et j’y parvenais enfin, mais seul. Revenons sur les faits s’il vous plaît ; le présent qui nous occupe.  Le cul de Vicki flambe de tout son charme, comme un qu’aurait la vertu de l’aube des sens à tous. Je les réunis à moi tout seul au pied des fesses de ma Vénus. Écoutez bien comment ça s’est fait que l’on se retrouve à deux…

             Elle habite un joli hameau de sept maisons et vingt-cinq âmes où elle a grandi depuis vingt-deux ans, à deux pas de Grenelles cette commune fleurie entre Bretagne et Normandie. À deux lieues du Mont-Saint-Michel, si vous voulez la carte. Ça ressemble à rien de connu et j’ignore si je lui ai plu. Ce fut plus subtil, si je puis me permettre. Près de chez nous, en Manche, il y a un château, assez bien conservé pour une ruine. Un jour, je me surpris à y aller en même temps qu’elle. Nous avions les mêmes goûts de solitude. Mais je n’entrevois d’abord qu’une silhouette à dache, masquée par des taillis, et puis un tronc d’arbre. Ca me ferre du coup. Qui est-elle cette aventureuse ? Je la reconnais pas d’à cette distance. Qu’importe, je file.  Ça nous raccorde l’un à l’autre.

                Comme moi, ou l’inverse, elle cherche un lieu où s’épanouit l’inspiration. L’envie de se livrer à l’autre qui est en nous et forme la face cachée de nos capacités. Le charme de Vicki ne peut s’exprimer qu’au contact des pierres rassemblées là autour du temps. Y’a personne en vue d’autre que nous et son cul laisse au passage un parfum d’ailleurs jusqu’aux abords des ruines de Floaire. Pas celui de pets intempestifs, mais une fluidité d’arôme et de charme mêlés. Mais avant même qu’elle rejoigne le château délabré, je subodore comme une espèce d’avaro à l’aventure de notre course. Je stoppe mon ascension, et que vois-je, pas des plus discrets ? Une bande des gars du village. Ils se croient rusés emportés par la fouinardise des esprits gouailleurs et frustres visités par la sottise en réunion. Que faire ? M’interposer ? Je n’en ai nul besoin. Surgi de je ne sais où, un type en tunique blanche flanqué d’un matou mate les importuns. Ceux-ci s’amusent à en rigoler.

« — Holà, du passevantail ! Il fait y chaud sous ta soutane ? ! »

Lui, pas un mot à la réponse, et il disparaît de la place. Les gugusses alors s’enhardissent. Mais l’homme en blanc réapparaît, muni cette fois d’un long et mince bâton de pèlerin, achevé en forme de crosse. Les autres ne tarissent pas d’éloge sur son matériel curieux : « Alors, papa, tu nous cherches des crosses, pas vrai ?! »

Ils gloussent mahousse comme des loquedus en transe…

Ca doit les secouer au fond du fond leur connerie et ne pas les préparer du tout, parce que lorsque la sorte de mage en tenue blanche fond sur eux, ils se révèlent tout surpris et ils se prennent bien assénés des coups du terrible sceptre. Il en pleut tellement par tous les bouts de la correction aux morveux que la bande se tire des flûtes en quatrième vitesse. Ils doivent en décaniller jusqu’à la Sélune. D’où je suis, j’entends la voix de rogomme du rosseur de canailles. Il s’exprime à mon endroit : « — Approchez vous monsieur s’il vous plaît. Vous avez bien mérité de votre patience. »

Je m’extrais de ma retrait, assez étonné que l’on pense encore à moi.

« — Approchez, approchez. Elle ne cesse de vous chérir, ma petite Vicki. Elle ne parle que de vous dans notre intimité….

— Moi ?

— Oui. Vous. Pas un autre. Vicki est très éprise, mais elle n’ose avec les autres se livrer à l’échange. Et vous… ?

— Je viens pour elle… »

C’est alors qu’elle apparaît rejoindre son père, puis moi.

La suite n’appartient qu’au stupre, vu qu’elle déclenche les forces vives de ma libido. Je lui dois le baiser du joufflu.

                                                                                                                                                      Le 28 octobre 2015.

                                                                                                                                                                    C.B.

Les rochers comme des ruines

Ce court texte sert de préambule à la visite de ruines rencontrées au hasard de mes pas.

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I H, Au bord de la Baïse, Gers

Par un dédale de galeries en ruine, en compagnie de mon fidèle Ratsou, je suis entré au creux du domaine, là où tout n’est qu’histoire du temps jadis et chaque pierre à elle seule la preuve d’un monde enfoui. C’est là ma terre de construction du temps. Là où les aubes se renouvellent avec des ferveurs de connaissance de ce qui fut. Les ruines sont le lieu où l’esprit songe à ne pas oublier. Mais ça n’est pas une faveur accordée. Avec elles, l’on voyage au-delà de ces jours enfouis sous le silence.

On les habite par un ailleurs.

Combien de fois me suis-je logé au creux de ces pierres abandonnées afin d’y lire et d’y écrire ? Souvent  je m’imprègne du calme répandu de  ces vies à deviner. Je m’inspire de l’absence enserrée en ces murs. J’y vis un monde d’invention et d’intuition mêlées où je dépose mes aventures. Les ruines sont bien un lieu de dépôt. Je m’y sens d’une richesse d’encre. Toute la sève de mes écrits y coule et se répand en ordre de mots à l’appel de la suite.

                                                                                                                                                               C.B. Le 18/08/2013