Mes ruines de paysage

Où sont les ruines de mon enfance
Enrichies de pleine insouciance
Où je courrais vers l’avenir
Sans aucun modèle à tenir ?

Où sont les ruines qui me fuyaient
À l’époque où je me fouillais
L’âme en recherche de l’aventure,
Planquée au cœur de la nature ?

Où sont mes ruines de paysage,
Que j’inventais là au passage,
Entre les zones hors de ma vue
Et que je n’ai jamais revues ?

Le 21 septembre 2017, C.B.

Le statut de première muse

L’on s’interroge sur cet aspect de notre couple. Mais première muse, c’est comme une miss monde; celle de mon monde. quoi qu’elle ne soit pas souvent là quand j’ai besoin d’elle, et de sa mélodie chantée à mon écoutille. Elle se dérobe de la situasse. Elle n’ajoute pas toujours sa note si je suis hors de sa portée. En résumé, il arrive que ma muse s’exprime en solo, qu’elle garde pour elle en proprio, et que la chique elle me la coupe. Aussi, faut-il un statut; celui de première muse à mon endroit. Ce, afin de préserver mes droits.

Ça, c’est une autre musique qu’elle me délivre aux feuilles. Car elle brouille les ondes. Elle fausse la manivelle à ma boutique en se dérobant. Les jours de ma création sont en danger si elle se refuse à moi. Il me faut lui charmer son âme; qu’ elle me la tourne en exclusive. Je l’avertis : « -Je dois te retrouver…

-Sans blague !

-Oh ! Pas tant qu’ ça… Je souhaite que tu me lègues pour partie l’accès au caberlot de tes âmes. Je sais que tu en as plusieurs.

-Tu sais mieux que moi sans doute… ?

-Tu peux m’ouvrir des portes auxquelles j’ai pas accès. Les portes sombres de l’oubli de ceux qui me hantent. Je sais  que tu peux m’y accorder au cœur des ruines un coin de reconstruction. « 

Le 3 septembre 2017. C.B.

Le charme des patates

Patates germées avec des tentacules

Les pommes de terre truffent les ruines dont elles sont les fruits. Leurs germes soutiennent la nature des vieilles pierres. Voilà pourquoi jamais je ne cuisine de patates avec des tentacules. Je les ménage. J’ai ainsi mon  ouverture au salon des ruines. Je ne l’ai pas deviné. Je l’ai connu en découvrant ces légumes, nullement plantés, et cependant poussés auprès des ruines. Ils s’en indiquent l’un l’autre, et un jardin potager  cultivé à proximité d’elles offre de bien plus belles récoltes. 

Le 18 octobre 2017. C.B.

Le lavoir de Fermanville

Le comble de l’épouvante se situe en le lavoir de Fermanville. De l’œil exercé d‘une muse je l’ai appris, un  soir, au bord des eaux stagnantes et moussues. Si vous bavez au creux de ce trou indigne des ruines abandonnées de l’inspiration, il naît une réaction de gaz échappés de toute expression. Le sondage de ces ondes relève du voyage à travers la fange, enfantées par le Styx dont elles sont la résurgence ignoble. Caressez avec moi l’espoir de vous y soustraire. 

Au bord des eaux stagnantes et moussues

Le 17 Octobre 2017. C.B.

Lady Cantagrel

-Moi qui veille sur toi… lui dis-je.
-Tu ferais mieux de me protéger, tu te rendrais plus utile. Ça se prouve, quand on aime une femme.
-Mais je te consacre mes écrits où tu apparais sous les formes les plus variées. Ça n’est pas une preuve suffisante ?
-Je devrais te remercier pour ce déballage de prose en mon honneur ?
-À qui veux-tu que je la dédie ?
-Mais t’as pas le choix d’autres que moi ?! Ça manque pas pourtant. Je t’en prie, ne te prive pas. Alerte les troupes de l’appel d’offre. Je puis t’aider en cette démarche; que je sois plus ton honorée.
-Tu veux que nous effectuions un stage sur les ruines de nos relations ? C’est ça ton souhait profond ?
-Alors, à propos de ruines, le  jour où tu m’en dégotes de choucardes, tu me préviens en urgence. Parce que je suis preneuse. Je veux que tu m’emmènes voir si les amours y poussent mieux qu’un peu partout. Tu ne le souhaites pas ?
-Tu tiens à être instituée Muse des Ruines à la place de Lady Cantagrel ?
-Tu ne bites guère vite mon vieux ! Je veux que les ruines de ton invention révèlent celles de  ma vie.

Le 14 août 2017. C.B.

La veuve grise

Elle ne le remplace pas, et cependant elle cherche son fantôme au travers de sa chasse, comme si par des absences au reste de la réalité elle retrouvait sa compagnie. Il est à elle en ses songes sous l’espèce particulière que l’âme enfante des fantômes du souvenir. 

-Où il est ?! Où il est ? !

-Je ne peux pas répondre à cette question là que tu me poses, ma pauvre chatte. Tu es condamnée aux amours stériles emportées par l’oubli. Si certains croient en leur étoile de retrouvailles aux cieux, moi je n’ai pas de réponse à ta perte.

-Tu sais, j’ai pas plus de peine que ma moitié… Mais c’est déjà énorme. Il n’est plus là où que j’aille où il se portait, avant d’être renversé. Je le retrouve pas.

-J’ai peut-être une idée.

-?… !

-Rendons-nous au cimetière des ruines. Toutefois, s’il en fréquentait une ou des…

Pour la première fois depuis des jours, elle me sourit de son regard fendu avec un sens à sa quête du mort.

Le 22 juillet 2017. C.B.