Où mon père…

Venu du bord de tout oubli, j’ai rencontré un mien perdu, au commencement de la nuit où l’ombre porte en ses replis comme le fruit d’une liaison. Il m’a parlé du cimetière où l’on croit qu’il est conservé, quand c’est des ruines dont il se pare pour résider. Il m’a dit de ne pas chercher un début à leur découverte, car lui seul peut me contacter. Les ruines secrète de son absence forment l’endroit de mes regrets.

Le 10 novembre 2017. C.B.

Le statut de première muse

L’on s’interroge sur cet aspect de notre couple. Mais première muse, c’est comme une miss monde; celle de mon monde. quoi qu’elle ne soit pas souvent là quand j’ai besoin d’elle, et de sa mélodie chantée à mon écoutille. Elle se dérobe de la situasse. Elle n’ajoute pas toujours sa note si je suis hors de sa portée. En résumé, il arrive que ma muse s’exprime en solo, qu’elle garde pour elle en proprio, et que la chique elle me la coupe. Aussi, faut-il un statut; celui de première muse à mon endroit. Ce, afin de préserver mes droits.

Ça, c’est une autre musique qu’elle me délivre aux feuilles. Car elle brouille les ondes. Elle fausse la manivelle à ma boutique en se dérobant. Les jours de ma création sont en danger si elle se refuse à moi. Il me faut lui charmer son âme; qu’ elle me la tourne en exclusive. Je l’avertis : « -Je dois te retrouver…

-Sans blague !

-Oh ! Pas tant qu’ ça… Je souhaite que tu me lègues pour partie l’accès au caberlot de tes âmes. Je sais que tu en as plusieurs.

-Tu sais mieux que moi sans doute… ?

-Tu peux m’ouvrir des portes auxquelles j’ai pas accès. Les portes sombres de l’oubli de ceux qui me hantent. Je sais  que tu peux m’y accorder au cœur des ruines un coin de reconstruction. « 

Le 3 septembre 2017. C.B.

La veuve grise

Elle ne le remplace pas, et cependant elle cherche son fantôme au travers de sa chasse, comme si par des absences au reste de la réalité elle retrouvait sa compagnie. Il est à elle en ses songes sous l’espèce particulière que l’âme enfante des fantômes du souvenir. 

-Où il est ?! Où il est ? !

-Je ne peux pas répondre à cette question là que tu me poses, ma pauvre chatte. Tu es condamnée aux amours stériles emportées par l’oubli. Si certains croient en leur étoile de retrouvailles aux cieux, moi je n’ai pas de réponse à ta perte.

-Tu sais, j’ai pas plus de peine que ma moitié… Mais c’est déjà énorme. Il n’est plus là où que j’aille où il se portait, avant d’être renversé. Je le retrouve pas.

-J’ai peut-être une idée.

-?… !

-Rendons-nous au cimetière des ruines. Toutefois, s’il en fréquentait une ou des…

Pour la première fois depuis des jours, elle me sourit de son regard fendu avec un sens à sa quête du mort.

Le 22 juillet 2017. C.B.

Ce charme sans visage

Je ne la vois que de cheveux. C’est un portrait en devenir, tout en profil, mais de ce charme sans visage, de ce retrait qui est de ruines au regard de l’approche. Une toute autre à la rue qui se dérobe. Elle en emmène de ce moment qui la suivra sans qu’elle en sache, accrochées aux ailes de l’oubli.

                                                                                                                                                                                                                                     Les 11 et 12 mai, La Rochelle

 C.B.

Frida

Une fois, sans me trouver, je me promène dans le Louvre, au département des sculptures, l’âme oubliée à ne rien activer, seul ou presque en cette heure de midi où l’affluence prend un peu de repos. Je m’assieds à songer  sans me soucier du reste…. Quand, quand oui, j’entends bien une voix qui parle comme à mon oreille.

« -Tu m’entends, dis, tu m’entends ? « 

Je me retourne, et après examen de la situasse, je me rends compte que c’est une statue de  gladiateur qui remue les lèvres. Vous pensez quelle frousse du diable m’envahit toute la structure !

« -Calme-toi mon camarade. J’ai une mission pour toi. En fait, j’attendais ta venue depuis un bail. « 

Quezaco ?

Frida

« -Tu connais Frida ?

-Frida…. ?…. Oui. Je la remets. C’est votre sorte de soeur….

-C’est ça… J’ai un message à son adresse. Tu veux bien être mon émissaire ?

-Je vous écoute…. fais-je, l’envie en moi de me  casser au plus vite, et d’échapper à ce manège de fou, grandeur nature. Car la statue est à ma taille, le muscle noueux, et l’énergie à fleur de marbre de tous ces siècles écoulés.

« -Mon cher ami, je te demande simplement de rapporter à Frida de me venir voir. C’est de l’ordre du possible. Il y a une place prête pour elle, et soit le personnel, soit la direction, personne n’y verra que du feu. Quand ils s’apercevront de sa présence, elle sera installée par sa seule force. Impossible de l’y déranger. Tu me crois ?

-Oui…

-J’espère tout de ton ambassade…. « 

Je remets ma gapette sur mon chef et je m’en vais me ressourcer sur la base d’un bon verre de pinard. Je vous assure préférer amplement cheminer sur des ruines. Mais de la pierre sculptée, mais de la pierre taillée…

 Une fois revenu en Anjou, j’hésite un tantinet sur la démarche à suivre. Et puis, un soir, invité là où réside Frida, quelque sentiment me lance. J’ai l’intérêt qui monte, et j’attends la nuit pleine pour revenir. Monté sur ma bécane, je me rends à nouveau sur place. Je rentre au jardin où se tient Frida. J’avance sans bruit, presque en l’absence de toute essence, le pas posé comme sur les traces de mon fantôme.

« -Pas tant de précautions; je suis là s’exprime Frida. Je ne dors pas.

-Je viens te voir parce que tu es aimée.

-Moi aimée ? Tu plaisantes, je suppose. Je n’ai que l’esprit et la patte de l’artiste pour me révéler.

-Tu es aimée. Je le sais !

-Par qui ?!

-Un gladiateur.

-Comment s’appelle-t-il ?

-Glaodio. Glaodio de Tyrène.

-Tu me mens pas ? qu’elle fait du fond d’une petite grotte de fraîcheur où elle loge entre la haie et la pelouse. Tu me garantis qu’il s’agit pas d’une entourloupe de ton cru ?

-Glaodio deTyrène. Je te dis ! »

Et elle prononce le nom comme je me retire.

       Après ce, je me demande s’il faudra pas retourner au Louvre, voir sur place… Mais j’ai pas besoin. Je rentre chez moi où je me couche, lorsque soudain, le caberlot à l’ailleurs, je vise au beau milieu de mes papiers, deux sculptures pas plus hautes que ma main, et serrées l’une contre l’autre : Frida et Glaodio.

Il semble rire d’un bel ensemble où je me mire, en l’atelier de leur rencontre.

                                                                                                                                                                                  Le 10 mai 2017.

                                                                                                                                                                                           C.B.

Je ne t’ai jamais aimée mais je sais où tu te trouves, n’importe où au large de mon horizon. Je te sais au cœur de tes ruines où tu te tiens forte à l’ennui. Qu’est-ce que ça change que tu n’y m’aimes pas ? Je te sais mienne de par l’oubli qui nourrit ton âme. Je vais marcher la nuit seul en forêt à la santé de nos amours. Je hante ainsi notre néant.

Le 27 avril 2017.

C.B.

Cathelineau

Deux siècles avant moi, et jour pour jour, naissait le Saint de l’Anjou. Ce paysan, ce prolétaire d’alors, ce Camille Desmoulins de l’autre bord… Son ombre encapée et de sabre munie erre sur les ruines de mon pays, comme si l’oubli ne pouvait la travailler. De Notre Dame de la Charité en la Doutre au cimetière de Saint-Pierre-en-Vaux, en passant par Baugé et Saint-Florent, elle va elle vient le long du temps, avec pour chaque pierre rencontrée un soupçon d’âme déposé.

Le 28 mars 2017.

C.B.

Voltige de fumée

            christophemedaillonJe possède une pipe en terre qui provient d’autour les pierres de ruines. elle a le tirage d’une cheminée et j’y fume du tabac de vue, de celui qui ouvre des visions. Je l’utilise les nuits troublées de tempête où je mélange mon caporal à de la cendre de défunt, afin que cela calme mon repos. L’âme transportée par cette voltige de fumée je me sens plein de cet ailleurs de ce qui fut. Solitaire accompagné de songes, je caresse des mirages enveloppés d’oubli, que je tire de ce fond où s’abîment les autres.

                         Septembre 2016.

                                   C.B.

Ombre choisie

christophemedaillonLa chevelure brune de ma mère couvre de nuit mes songes isolés. Lorsque je pense à elle, elle ne vient qu’au terme d’une longue attente, où je la sais ombre choisie. Ma mère se meut en tout silence où elle vécut en son absence. Le chant de ruines de sa parole fut de se taire. Elle se tue pour tous ceux qui jacassent en pure perte de mots oubliés. Elle renseigna sa biographie de la manière la plus discrète, à la faveur des errances où se lovèrent des inquiétudes soupirées. Il me subsiste comme un souffle d’elle là où je vais m’abandonner. Il ne me reste que d’y penser, et c’est mince pour se dépasser, tant j’aimerais à mon tour lui manquer.

                                                                                                                                                                                                             Le 6 juillet 2016.

                                                                                                                                                                                                                       C.B.