De son sourire

La fière moustache de Maupassant
De son sourire remue les sangs
Quand de ses ailes la caresse
Frôle la peau de sa maîtresse.

La vraie conquête du Normand,
Celle dont il fut le tendre amant,
C’est bien Clotilde de Marelle,
La plus douce de ses girelles.

Pas une autre n’a autant de chien
Et ce charme tout parisien
Qui fait d’elle une héroïne;
Aux côtés de sa fille Laurine.

De fièvre, elle ennivre Bel-Ami,
Au feu des sens à eux promis
Par l’entremise des petis-bleus
Du télégraphe tendu entre eux.

À chaque rencontre ils renouvellent
Cette passion qui les révèle
A n’en plus former qu’un seul être
Très au delà du monde des lettres.

Où les chercher sinon au charme
Qui d’eux n’a pas baissé les armes ?
Comme si le couple vivait vraiment,
En échappé de son roman.

Le 28 janvier 2018. C.B.

Une ombre pour le couvrir

Là où mourut l’homme oublié, je suis sur ses pas. Je sais par l’ailleurs des connaissances où le trouver. Sans qu’on me le dise. Sans qu’on m’indique, je me guide à son désespoir dissimulé auprès d’un rien de bois. Il s’est ramassé tout sur lui aux derniers spasmes, avec une ombre pour le couvrir. Il n’a nul besoin d’une sépulture qu’elle et mes yeux afin de lui servir un abandon de qualité loin des larmes des siens. Il voulait se situer au large des regrets.

Le 13 mars 2018. C.B.

Où l’éclairage cherche son nid II

II Où l’éclairage cherche son nid en les élans de l’agonie de la nature sombrant au fangeux, je suis la pousse de son ivresse à la preuve de ma tendresse. Je suis le semeur de caresses sous le regard de la cafarde. Ces caresses dont l’absence se farde. J’ai une fièvre particulière pour ces instants de solitude aggravés de semées boueuses, comme la bave aux lèvres de la nuit. C’est son génie qui vogue au pire. Quand on est proche d’eux les coins reculés, on y atteint à son génie, au vrai visage d’où elle embrasse par les rayons de sa détresse.

Le 6 mars 2018. C.B.

Où l’éclairage cherche son nid I

I Par les coins sombres des sous-bois trempés où les branches perlent comme de suée, je te suivrai mon abandon au désespoir. Je te suivrai au bord des boires dont l’onde plonge son ombre au sein des gouffres. Ces lieux perdus et désolés je les voudrais me consoler au plus profond de leur chagrin. Mais pour ces nids de volupté où la tristesse n’est qu’une eau fraîche, je dois garder tout le secret de ma présence. Il ne faut pas qu’un autre de mes semblables devine un seul instant que j’ai été en ces parages. Il s’impose donc que tout oubli devienne l’écrin de mon voyage.

Le 4 mars 2018. C.B.

Eux, c’est l’inverse de Juliette et Roméo. Ils se haïssent comme il le faut. Sans rancune recuite entre familles, seul à seul, Pépa et Pedro se tirent la bourre. Mais quelque chose de gratiné pour des marcous. Sur le tombeau de ces sortes d’amours, ils en useront encore de fiel, de rancoeur, de vomissures crachantes. Ils se reconnaissent en ennemi l’un de l’autre, comme si Pepa sacralisait là le coeur de son veuvage. Pedro ne sera jamais son Tchiki claboté. Elle vit d’un mort de toute sa rage. Et c’est ainsi qu’elle reste fidèle, là où l’autre n’a pas sa place.

Le 3 mars 2018. C.B.

À l’écoute de son silence

…ma chatte et moi.

Sans un mot dire je parle avec. Elle me sait à l’écoute de son silence par lequel elle se raconte. Je parviens à percer le sens de ce qu’elle n’exprime pas. Il me faut pour cela avoir le contrôle du flux entre nos âmes, ce fin contact où elle reçoit cinq sur cinq ce que je tais. Ca n’est pas une prose d’un genre nouveau, mais tout l’échange entre ma chatte et moi.

Le 16 janvier 2017. C.B.

À ma santé

À regarder ma chatte boire
Je suis saisi comme d’un espoir.
Sa jolie langue me raconte
Comme le tout début d’un conte.

À coups râpeux, elle boit de l’eau
À s’en ravir plein le goulot
Avec ce charme du naturel
Qui lui échappe en don sensuel.

Ma chatte boit à ma santé
Une eau pure, et ainsi fêté
Je lui retourne le compliment
Servi d’un bon verre de crémant.

Nous sommes ainsi unis nous deux
Pour un souper en amoureux
Au clair de lune de nos chandelles
Elle allumée, et moi fou d’elle.

Elle manie les jolis couverts
Avec grâce, autant que les verres
Dont elle se sert en délicate,
En savourant tout mon picrate.

Ma greffière est une raffinée,
Une féline de touche satinée
Qui vit en couple fort de son homme,
Car c’est de la sorte qu’elle me nomme.

 

Le 26 février 2018. C.B.

Un visiteur

Je recherche les occasions
Où mon sens de l’observation
Peut se nourrir de ces secrets
Qui chez les autres sont encrés.

D’observer seul ne suffit pas;
Il faut aussi se mettre au pas
De ce mental de mon prochain
Avec lequel je suis en train….

J’échange de façon non connue
À l’insu de mon inconnue,
Et en revanche est-ce-qu’elle sait
Qu’à elle je dois tout mon succès ?

L’âme se visite par la fiction
En de multiples apparitions,
Qui me ménage une voie vers vous
Sans nous fixer de rendez-vous.

Un jour ou l’autre je lui serai
Un visiteur venu d’après,
Un visiteur du souvenir
Parce qu’il a su lui venir,

À cette femme et la peupler
De son monde à lui isolé,
Et l’y laisser aux aventures
De ce double de sa créature.

Le 9 décembre 2017. C.B

Un trouveur

Je ne suis qu’un trouveur de vers,
Un vrai trouveur, pas un trouvère,
Mais un chercheur de fantaisie
Qui se pique de poésie.

Mes rimes sont l’âme de mes regrets
Et de mes songes les reflets
Desquelles je ne puis m’échapper
Qu’en m’inventant des épopées.

Je suis le roi des inventeurs
Avec trois mots comme un conteur;
Je n’ai pas plus à proposer
Qu’un instant ma pensée posée.

Le 18 janvier 2018. C.B.