Un ample vent de la tempête

Un ample vent de la tempête
Qui en mon âme se répète
Caresse la plaine de partout
Comme un souffle de bout en bout.

C’est la bourrasque des colères
Qui nous foudroie du sol à l’air
Avec des rages emportées,
Accrochant par tous les côtés.

Allongé au creux de mon lit
J’écoute ces ruines à la folie
Monter le son de leur courroux
Bien à l’abri de mes verroux.

De ces furies je me remplies;
Tout à l’action qui s’accomplit
Avec du cœur des éléments
Un complément à mon tourment.

Le 11 décembre 2017. C.B.

Mes ruines de paysage

Où sont les ruines de mon enfance
Enrichies de pleine insouciance
Où je courrais vers l’avenir
Sans aucun modèle à tenir ?

Où sont les ruines qui me fuyaient
À l’époque où je me fouillais
L’âme en recherche de l’aventure,
Planquée au cœur de la nature ?

Où sont mes ruines de paysage,
Que j’inventais là au passage,
Entre les zones hors de ma vue
Et que je n’ai jamais revues ?

Le 21 septembre 2017, C.B.

Le statut de première muse

L’on s’interroge sur cet aspect de notre couple. Mais première muse, c’est comme une miss monde; celle de mon monde. quoi qu’elle ne soit pas souvent là quand j’ai besoin d’elle, et de sa mélodie chantée à mon écoutille. Elle se dérobe de la situasse. Elle n’ajoute pas toujours sa note si je suis hors de sa portée. En résumé, il arrive que ma muse s’exprime en solo, qu’elle garde pour elle en proprio, et que la chique elle me la coupe. Aussi, faut-il un statut; celui de première muse à mon endroit. Ce, afin de préserver mes droits.

Ça, c’est une autre musique qu’elle me délivre aux feuilles. Car elle brouille les ondes. Elle fausse la manivelle à ma boutique en se dérobant. Les jours de ma création sont en danger si elle se refuse à moi. Il me faut lui charmer son âme; qu’ elle me la tourne en exclusive. Je l’avertis : « -Je dois te retrouver…

-Sans blague !

-Oh ! Pas tant qu’ ça… Je souhaite que tu me lègues pour partie l’accès au caberlot de tes âmes. Je sais que tu en as plusieurs.

-Tu sais mieux que moi sans doute… ?

-Tu peux m’ouvrir des portes auxquelles j’ai pas accès. Les portes sombres de l’oubli de ceux qui me hantent. Je sais  que tu peux m’y accorder au cœur des ruines un coin de reconstruction. « 

Le 3 septembre 2017. C.B.

La veuve grise

Elle ne le remplace pas, et cependant elle cherche son fantôme au travers de sa chasse, comme si par des absences au reste de la réalité elle retrouvait sa compagnie. Il est à elle en ses songes sous l’espèce particulière que l’âme enfante des fantômes du souvenir. 

-Où il est ?! Où il est ? !

-Je ne peux pas répondre à cette question là que tu me poses, ma pauvre chatte. Tu es condamnée aux amours stériles emportées par l’oubli. Si certains croient en leur étoile de retrouvailles aux cieux, moi je n’ai pas de réponse à ta perte.

-Tu sais, j’ai pas plus de peine que ma moitié… Mais c’est déjà énorme. Il n’est plus là où que j’aille où il se portait, avant d’être renversé. Je le retrouve pas.

-J’ai peut-être une idée.

-?… !

-Rendons-nous au cimetière des ruines. Toutefois, s’il en fréquentait une ou des…

Pour la première fois depuis des jours, elle me sourit de son regard fendu avec un sens à sa quête du mort.

Le 22 juillet 2017. C.B.

Le caberlot de ma muse

Ma muse est dépassée par le tournis où mon caberlot s’active. Mais il me faut le dire, ça vient de ses propres propos :

– Qu’est-ce que ça te fait d’être muse  ?  Tu pensais jeune que tu le serais ?

– J’en ai rien à foutre !

Il me faudrait l’envoyer sur l’île de Robinson s’éduquer à une vraie complicité.

Là, sur une terre en forme de ruine abandonnée, elle serait mienne, avec un plein de pensée à mon usage. Parce que je le reconnais, je veux le fruit de son caberlot pour moi. Elle m’a traité de voleur d’âme, de purgeur de songes, très récemment encore. Et que lui dire qui ne soit vrai de son analyse de nos rapports : elle porte en elle toute ma détresse.

Le caberlot de ma muse

Un homme sans âme

Je ne suis pas tout à fait net.
Est-ce un propos de femme honnête ?
C’est pourtant ce que ma muse lance
À mon endroit avec violence.
Elle me reproche mes absences
Au quotidien, le manque de sens
Que je mets à la seconder,
D’être pour elle un homme sans idée.
Voilà le propre de ma muse,
Voilà pourquoi elle se refuse :
Je suis un homme sans contenu,
Un homme sans âme par le menu.
Je suis un homme en ruine pour elle,
Rien qu’un objet à des querelles,
Mais pas un vrai qui la soutient;
L’un de ceux-là auxquels on tient.

Le 23 juin 2017. C.B.

 

Je suis un silence sorti des ruines

      !Je suis un silence sorti de ruines. Une ombre de présence. Je suis partout où ça se passe. Je suis une âme à la parole. Je suis celui que vous savez ne jamais lâcher le crin de sa monture la nuit, pour venir visiter toutes  les sentes oubliées du rêve. Je suis celui qui se dépense en vue de ne pas perdre le lien avec l’autre. Je suis celui qui vous voyage. Je suis celui qui vous rencontre lorsque vous vous croyez seul, et qui ne prend que l’espace d’une ombre. Je suis votre vous, votre autre. Je suis de ceux qui reparaissent pour vous annoncer parmi le monde, une fois que vous êtes mort. Je suis celui qui dépasse la fin, et pour qui les ruines ne sont que le commencement du passé.

Le 21 juin 2017. C.B.

On dirait que les autres ne t’inspirent pas

Moi seul, avec moustache

On ne répond pas à sa muse sur un ton agacé : « – Quoi ?!….  »

Sinon, elle vous renvoie  en vos cordes…. Elle vous coupe les vivres. L’inspiration tombe mahousse au creux du vide.

« – On dirait que les autres ne t’inspirent plus…. ?  » fait-elle sur un petit ton pervers de faiseuse d’horizon. Que lui répondre ? Comment parer ? Je suis en crainte. J’ai été traité de gros sac à vin, et d’outre pleine de rouge par elle, et j’en conçois la plaie béante d’un homme seul. Elle m’abandonne. Mais pas tant que ça à vrai dire. Elle feint… Ce qu’elle veut afin de revenir, c’est le quitus à mon âme. Alors, elle me visite par un beau cauchemar où je me sens inutile, sans avenir, sans connaissance.

Elle s’en vient me consoler pour reconstruire sur la base de mes ruines.

Moralité : saucisson et pinard

Le 29 mai 2017.
C.B.