Soler

christophemedaillon

Bien des années après, sur la tombe de Soler
Nous sommes allés ensemble saluer au bord de l’air
Son esprit disparu à Monte Cassino
Mais qui réside ici loin des rives de l’Arno
Pour celle qui veut y croire en hommage à sa mère
Qui aima ce Soler presqu’au bord de la mer.
Ces amours furent en ruines entre les amoureux,
Mais il se peut aussi qu’elle se retrouve entre eux.

Le 15 octobre 2016.

C.B.

Le maudit du verbe

christophemedaillonPar tous les bouts on le déteste
Ce fantôme venu de la peste
Comme si la rage crachait ses flammes
À gros débit coulant de l’âme.
Louis-Ferdinand est un maudit
Par lequel la prose reverdit
Et qui voyage vers nous encore
Entre les ruines de son décor
Jusqu’à briser à coups de gueule
Le silence où l’on n’est plus seul,
Et ramener dans le délire toute la situasse
Qu’il remue du fond de la crasse.
Il en touille beaucoup de la jaille
Où l’on s’enfonce jusqu’à la taille.
Il s’y repaît à grandes brassées
Au monde qu’il sait embrasser.

Octobre 2016.

C.B.

Un univers

Un univers christophemedaillon

En ses pensées ma mère conçut un univers
S’étendant bien plus loin que l’ailleurs de mes vers.
Je ne savais alors comment y aborder
Quand j’étais jeune garçon et plein de mes idées.

Aujourd’hui je le puis, et à travers l’histoire
De ce que fut son âme je me promène à voir.
Je défriche les espaces où elle s’abandonnait
Au contrée de son rêve, comme si je lui venais.

C’est sur ce champ de ruines où m’amènent mes pas
Que je parcours les songes de ce qui l’occupa,
Et que j’en garde en moi le contact avec elle
Ancré bien plus profond que n’importe lequel.

Le 25 septembre 2016.

C.B.

Voltige de fumée

            christophemedaillonJe possède une pipe en terre qui provient d’autour les pierres de ruines. elle a le tirage d’une cheminée et j’y fume du tabac de vue, de celui qui ouvre des visions. Je l’utilise les nuits troublées de tempête où je mélange mon caporal à de la cendre de défunt, afin que cela calme mon repos. L’âme transportée par cette voltige de fumée je me sens plein de cet ailleurs de ce qui fut. Solitaire accompagné de songes, je caresse des mirages enveloppés d’oubli, que je tire de ce fond où s’abîment les autres.

                         Septembre 2016.

                                   C.B.

christophemedaillonJe l’ai perdue cent fois avant qu’elle ne soit morte. Pas même écrasée ainsi que je le redoutais, mais d’une fin de chatte agonisant avant la fosse commune qui les attend tous, tous les greffiers, les clébards. Elle a croisé la camarde au fond des ses pupilles, et l’autre, invitée, a mis les bouts à son âme comme l’on prend des parts au chagrin qui nous tient compagnie aussi fort que l’absence. Elle a trouvé les ruines à son passage.

 

Le 15 septembre 2016

C.B.

 

En les songes sans défense de la profonde nuit

christophemedaillon

Le désespoir est un deuil qui ne s’annonce pas
Et dont le vrai principe réside en l’abandon
Peu à peu de la vie au profit du trépas
À croire que plus que tout le reste il est un don
Lesté à nous depuis le temps de notre aurore
Ainsi que des ruines situées sous notre histoire,
Des catacombes insondables peuplées de morts
Où l’ombre est reine d’un bout à l’autre des couloirs.
Je les arpente tout seul, souvent perdu de peur
En les songes sans défense de la profonde nuit
Où le repos des morts se définit trompeur,
Car même au désespoir le néant est ennui.

Le 22 juillet 2016.

C.B.

À de mes ruines la fenêtre

christophemedaillon

Allongée sur mes écrits
Elle ne pousse aucun cri
Sauf un soupir de bien être
À de mes ruines la fenêtre.
Elle se livre à du ménage
Entre les mots et les pages
De ces textes dont elle s’imprègne
Y signant ainsi son règne.
Ma chatte inspire mes papiers,
Et de mes vers jusqu’à mes pieds
Elle est une âme pour ma prose,
De son poil à sa langue rose.

Le 7 juillet 2016.

C.B.

 

Ombre choisie

christophemedaillonLa chevelure brune de ma mère couvre de nuit mes songes isolés. Lorsque je pense à elle, elle ne vient qu’au terme d’une longue attente, où je la sais ombre choisie. Ma mère se meut en tout silence où elle vécut en son absence. Le chant de ruines de sa parole fut de se taire. Elle se tue pour tous ceux qui jacassent en pure perte de mots oubliés. Elle renseigna sa biographie de la manière la plus discrète, à la faveur des errances où se lovèrent des inquiétudes soupirées. Il me subsiste comme un souffle d’elle là où je vais m’abandonner. Il ne me reste que d’y penser, et c’est mince pour se dépasser, tant j’aimerais à mon tour lui manquer.

                                                                                                                                                                                                             Le 6 juillet 2016.

                                                                                                                                                                                                                       C.B.