Votre regard est d’âme

 

Chats insondables, votre regard est d’âme
Et nous fascine comme d’un feu les flammes.
Entrons en douce à pattes de satin
Partager le frisson de vos câlins.
Si vous ne saisissez pas qui nous sommes
Depuis toute la profondeur de vos sommes,
Au simple contact vous vous autorisez
Car de nos ondes, vous vous électrisez.
Vous nous maniez selon vos bons plaisirs
Et vos caprices qu’il est bon de saisir.
Par surcroît vous hantez les ruines du spleen
Dont vous exploitez la richesse des mines.
Au hasard de vos nocturnes aventures
Où vous vous tissez une créature;
Celle qui s’échappe du fond de vos prunelles,
Vous puisez au savoir originel.
Vous chats, vous êtes les âmes itinérantes,
Les fantômes d’êtres de ces formes errantes
Que l’on rencontre sans jamais les connaître
Parce que chez vous la parole ne peut naître.

Le 11 décembre 2016.

CB.

 

 

C’est une ruine à se raconter

Le Grand Bé
christophemedaillon

C’est une tombe sans nom aucun
Ou peut-être celui de chacun
Où les âmes viennent se mêler
À l’abandon de l’isolé.
Que l’on ignore toute son histoire
Ou qu’il s’incarne en nos Mémoires,
C’est une ruine à se raconter
Même aux ignorants patentés.
En cet extrait de cimetière
Où se loge une vie entière
Un esprit flotte sur les esprits,
Et les plus obscurs y compris.

Le 12 novembre 2016.

C.B.

Le père Lachaise

Le triste sire qui sévit au sein des vérandas

Le triste sire qui sévit au sein des vérandas

Regardez bien parmi les bris ces actes de la barbarie la plus active du triste sire qui sévit au sein des vérandas. Il démembre de pauvres fauteuils rien que du poids de sa carcasse. D’un simple objet l’âme il  casse, sans se soucier de sa souffrance. Faiseur de ruines, il se mesure à ses dégâts sur les sièges de tous acabits. C’est un artiste que ce briseur de masse inerte.  Quand à Angers, ce sont des balcons qui s’effondrent, lui il préfère le mobilier. On tombe de moins haut. Et à propos de sépulture, pour lui ça sent le sapin, même si le fauteuil est en plastoc. Le père Lachaise guette en coulisse après les exploits de cet imposteur au trône de l’Élu.

Le  5 novembre 2016.

C.B.

Soler

christophemedaillon

Bien des années après, sur la tombe de Soler
Nous sommes allés ensemble saluer au bord de l’air
Son esprit disparu à Monte Cassino
Mais qui réside ici loin des rives de l’Arno
Pour celle qui veut y croire en hommage à sa mère
Qui aima ce Soler presqu’au bord de la mer.
Ces amours furent en ruines entre les amoureux,
Mais il se peut aussi qu’elle se retrouve entre eux.

Le 15 octobre 2016.

C.B.

Le maudit du verbe

christophemedaillonPar tous les bouts on le déteste
Ce fantôme venu de la peste
Comme si la rage crachait ses flammes
À gros débit coulant de l’âme.
Louis-Ferdinand est un maudit
Par lequel la prose reverdit
Et qui voyage vers nous encore
Entre les ruines de son décor
Jusqu’à briser à coups de gueule
Le silence où l’on n’est plus seul,
Et ramener dans le délire toute la situasse
Qu’il remue du fond de la crasse.
Il en touille beaucoup de la jaille
Où l’on s’enfonce jusqu’à la taille.
Il s’y repaît à grandes brassées
Au monde qu’il sait embrasser.

Octobre 2016.

C.B.

Un univers

Un univers christophemedaillon

En ses pensées ma mère conçut un univers
S’étendant bien plus loin que l’ailleurs de mes vers.
Je ne savais alors comment y aborder
Quand j’étais jeune garçon et plein de mes idées.

Aujourd’hui je le puis, et à travers l’histoire
De ce que fut son âme je me promène à voir.
Je défriche les espaces où elle s’abandonnait
Au contrée de son rêve, comme si je lui venais.

C’est sur ce champ de ruines où m’amènent mes pas
Que je parcours les songes de ce qui l’occupa,
Et que j’en garde en moi le contact avec elle
Ancré bien plus profond que n’importe lequel.

Le 25 septembre 2016.

C.B.

Voltige de fumée

            christophemedaillonJe possède une pipe en terre qui provient d’autour les pierres de ruines. elle a le tirage d’une cheminée et j’y fume du tabac de vue, de celui qui ouvre des visions. Je l’utilise les nuits troublées de tempête où je mélange mon caporal à de la cendre de défunt, afin que cela calme mon repos. L’âme transportée par cette voltige de fumée je me sens plein de cet ailleurs de ce qui fut. Solitaire accompagné de songes, je caresse des mirages enveloppés d’oubli, que je tire de ce fond où s’abîment les autres.

                         Septembre 2016.

                                   C.B.

christophemedaillonJe l’ai perdue cent fois avant qu’elle ne soit morte. Pas même écrasée ainsi que je le redoutais, mais d’une fin de chatte agonisant avant la fosse commune qui les attend tous, tous les greffiers, les clébards. Elle a croisé la camarde au fond des ses pupilles, et l’autre, invitée, a mis les bouts à son âme comme l’on prend des parts au chagrin qui nous tient compagnie aussi fort que l’absence. Elle a trouvé les ruines à son passage.

 

Le 15 septembre 2016

C.B.